En France, 24% des enfants entre 7 et 12 ans ont un smartphone. Et s’il est interdit en classe, ses ravages à la maison ou à la récré dépassent la science-fiction.
Pourquoi ? Parce que le smartphone joue sur l’ennui : Plus un enfant s’ennuie, plus il va vouloir utiliser son smartphone, plus ce qu’il y fait va exacerber son ennui, plus il va vouloir encore plus l’utiliser. C’est un cercle vicieux numérique contre lequel le cerveau de l’enfant n’est pas armé. Quels sont ces activités numériques si ennuyeuses et pourtant si addictives ?
1 – Les réseaux sociaux
C’est la majorité du temps passé sur smartphone. TikTok et Youtube pour les 7-12 ans ; Snapchat, Instagram et Twitter pour les 12-18 ans ; Facebook, WhatsApp et Teams pour les plus de 20 ans.
Qu’y cherche-t-on ? ARE ! Amour, Reconnaissance et Estime de soi.
Comment ? Grâce à l’image, ou plutôt la photo parfaite, retouchée, avec le bon #, à quoi s’ensuit la longue attente des likes et des partages, mais aussi des commentaires auxquels il faudra répondre.
Le problème ? ça rend malheureux ! Tout simplement parce que la dopamine est ainsi faite qu’un jour avec plein de likes va me donner de l’ARE (Amour Reconnaissance et Estime de soi) mais le lendemain sera un enfer car mon niveau de satiété d’ARE aura augmenté, me laissant alors sur ma faim toute la journée et me poussant à vérifier encore plus inlassablement l’avancée de mes likes.
2 – Les jeux vidéos
Surtout utilisés par les 7-12 ans qui en sont accros, ils sont considérés comme « La peste du XXIème siècle », dixit Philip Tam, le directeur du Network for Internet Investigation and Research en Australie.
Qu’y cherche-t-on ? Tout le piment de la vie sans les risques.
Comment ? Grâce à des mises en situation, de la stratégie, des amis, du sport, des liens familiaux et de l’apprentissage tout en restant dans un univers physique connu et en ayant la possibilité de débrancher à tout moment.
Le problème ? ça rend addict ! L’univers immersif, avec une progression constante face à des défis simples et accessibles, lors de parties courtes, apportant aussi un côté social (encore de l’ARE, amour, reconnaissance, estime de soi) pour celui qui n’a que peu d’amis. En plus, ça rend en mauvaise santé ! Les jeux sont adaptés pour faire monter la pression artérielle à 180/140 (pour l’adrénaline et pour favoriser l’addiction), ce qui augmente certes la pression artérielle, mais aussi le rythme cardiaque, diminue la matière grise et met dans un état d’hyperfocus inhabituel, apportant son lot de cauchemars.
Les écrans posent en général des gros soucis de santé, autant pour les enfants que pour les adultes. Si on évoque souvent les problèmes de sommeil liés à la lumière bleue, n’oublions pas les problèmes oculaires, les problèmes de cervical, de migraine et d’obésité. Mais le plus gros dégât à déplorer chez l’enfant est certainement au niveau mental : solitude, hyperactivité numérique, difficulté à gérer ses émotions, tendance au narcissisme, problèmes affectifs liés aussi à une difficile construction sexuelle, cauchemars à répétition.
Mais alors, pourquoi les parents donnent-ils un smartphone à leur enfant ?
– Parce qu’ils sont eux-mêmes accros
– Parce qu’ils ont peur de l’exclusion sociale
– Parce qu’ils veulent que leur enfant gagne en ARE
– Parce qu’ils croient que le numérique, c’est top pour leur enfant !
Que faire ?
Choisir la concentration. Trop de notifications, trop d’information, trop de messages, trop de multitâche baissent notre capacité à mémoriser et à classer par importance ces nouvelles informations.
Comment faire ? Se tester d’abord via des Internet Addiction Test, puis parier sur Mesure-Expliquer-Questionner : mesurer son temps de connexion, expliquer à l’enfant pourquoi il est tant hypnotisé par son écran, questionner l’enfant sur le manque qui l’a poussé à regarder son écran et s’il se sent mieux ensuite ou pas (attention, l’enfant aura aussi tendance à questionner l’adulte qui se connecte trop, ce qui est de bonne guerre).
Choisir la créativité. Rester dans une seule sphère en regardant inlassablement des vidéos d’œuf surprise (vidéos les plus regardées par les enfants, car ils aiment la répétition), renforce des liens neuronaux au profit de la création d’une multitude d’autres liens dans d’autres domaines comme le sport, la musique, le débat, le jeu, la lecture.
Comment faire ? Développer sa différence, son individualité, c’est autrement bénéfique sur le long terme. Mais plus ardu, c’est vrai. Il y a des mouvements en ce sens : les luddites (groupe d’ado refusant le smartphone) ou l’OIRCT à Grenoble (Observatoire international pour la réhabliltation des cabones téléphoniques) ou encore Lève les Yeux (association qui questionne notre utilisation du numérique) mais il y en a tant…
Choisir la liberté. Les géants du numérique nous gardent accros sur leur plateforme car ils monnayent ensuite nos comportements, nos changements de mimiques, nos phrases à des annonceurs qui peuvent en conclure une propension à acheter tel ou tel produit ou service. Les Youtubeurs ont d’ailleurs cette même logique. Loin de nous rendre libre, cette déontologie qui n’en est pas une nous enferme et diminue notre liberté à être, à choisir nos produits sans incitation, à suivre nos propres envies et même à changer complètement de voie.
Comment faire ? Déjà en se protégeant, par exemple avec Freetube qui est plus sobre que Youtube, ou encore avec Demetricator, qui supprime toutes les notifications de like (les pires pour la santé mentale et l’addiction), on limite la casse. Mais on peut aller plus loin en ajoutant AdNauseam ou TrackMeNot sur son appareil numérique ce qui empêche ces géants numériques de nous cerner.
Choisir la sobriété. Le numérique c’est 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2018. Depuis le Covid, ça a encore explosé. Grâce aux flux vidéos, à la synchronisation permanente de tous et de tout.
Comment faire ? Analyser son impact avec Carbonalizer par exemple, puis limiter sa consommation numérique aux choses vraiment utiles. L’utilisation qu’on fait du numérique vaut-elle vraiment ce que le numérique inflige à l’environnement ?
Mais surtout, il convient d’arrêter d’en faire un phénomène. Un enfant doit varier ses activités, tout simplement : un peu de numérique, un peu de réseaux sociaux, un peu de jeux vidéos, ok mais aussi un peu de jeux de société, un peu de sport, un peu de balade, un peu de musique, un peu de dessin, un peu de lecture, un peu d’ennui… On doit parler d’autre chose. Rappelez-vous : lors du débat sur le voile féminin au collège, jamais autant d’élèves ont décidé de porter le voile. Le smartphone, c’est pareil. Montrons à nos enfants qu’une vie plus épanouie, plus authentique, plus libre, plus sereine, plus diversifiée, plus curieuse, plus exaltante et finalement plus forte en ARE (amour, reconnaissance et estime de soi) est possible sans (trop de) numérique. Encore faut-il que vous, parents, en soyez convaincus. Si ce n’est pas le cas, appelez-moi, il faut que je vous parle.