« Concentre-toi ! » Cette phrase, qu’on nous répétait tant quand on était petit. Sauf qu’on nous ne nous a jamais vraiment expliqué ce que c’était vraiment, ni comment on fait.
Il n’est jamais trop tard.
Alors, c’est quoi la concentration ?
La concentration, c’est un art. Oui, comme la musique ou la poésie. D’ailleurs, les artistes n’ont pas toujours la belle vie, ni la cote en société. L’art de la concentration ne déroge pas à la règle.
La concentration, c’est l’art de porter son attention sur un sujet précis. D’être focus, comme disent les Anglais. De ne réfléchir qu’à une seule chose. Et pas de chance, ça demande des efforts.
Quels efforts ? Des efforts de continuité, parce qu’il faut garder le cap sans relâche et avancer sur ce fameux sujet ardu. Mais surtout parce qu’il ne faut pas dévier alors que moults sirènes de part et d’autre nous appellent.
Ces fameuses distractions peuvent être intérieures comme extérieures.
Intérieur : ce sont les pensées parasites, qui viennent d’elles-mêmes parce qu’on se souvient tout à coup de choses importantes à faire, de discussions passées, de projets en cours et qu’on ouvre la porte à ces sujets annexes. Ne croyons pas que ces pensées parasites soient superflues : elles ne le sont pas et constituent l’essentiel des distractions lorsqu’on tente de rester concentré !
Extérieur : il s’agit des injonctions sonores qui nous déconnectent de notre travail immédiatement. Une personne qui nous appelle, le ding dong de la porte, un klaxon dans la rue, le chien du voisin qui aboie vivement… Mais la star des distractions extérieures, c’est bien sûr le smartphone. Tous ces bips, toutes ces lumières, toutes ces vibrations qui m’attirent, ce sont les ennemis jurés de la concentration. Bon ok, ex aequo avec mes pensées parasites intérieures.
Pourquoi on est distrait, au fait ? Sébastien Bohler l’explique merveilleusement bien : il s’agit des restes de notre cerveau préhistorique. A l’époque, il valait mieux réagir rapidement en cas d’attaque. Et merci à cette capacité du cerveau, sinon nous ne serions pas là vous et moi. Si les attaques de loups sauvages sont plus rares, on a tout de même conservé cette aptitude ancienne.
Et en quoi c’est gênant de réagir à ces distractions extérieures ? Tout se joue dans le cerveau. Quand on est concentré, on est dans une zone dédiée à la réflexion. Dès qu’une distraction arrive, on quitte cet endroit pour aller vers la zone préfrontale, lieu des décisions. Oui, il faut décider si je réponds ou non, si j’éteins ou non mon téléphone. Une mini décision, mais une décision quand même. Et c’est le trajet retour entre la zone préfrontal et la zone de concentration qui est assez pénible. Une pente de montagne qu’on a dévalé rapidement dans un sens pour répondre à la distraction et qu’il faut remonter à présent…
Bref, le combat contre les méchants anti-concentration n’est pas gagné et pas vraiment équitable, soyons clairs !
D’autant que pour gagner, nos armes sont faites de bric et de broc. C’est normal. Imaginez : vous voulez devenir militaire, on vous explique qu’il vous faut « être armé », on vous dit « arme-toi », mais sans jamais vous montrer ni vous expliquer en détail quoi faire. Il est logique que votre arme ressemble à ce que votre créativité du jour vous apportera. Eh bien, la concentration, c’est pareil. « Sois concentré » et « concentre-toi » ne sont pas des conseils suffisants pour atteindre le Graal de la concentration.
Parfois, on entend que la concentration est un talent inné, une prédisposition du cerveau à faire le vide en soi et autour de soi pour s’occuper d’une seule et unique chose. Il y a peut-être certaines prédispositions, mais comme le sport, ça s’entraîne et rien n’est perdu ! Bonne nouvelle.
Tout d’abord, mieux vaut parier sur un environnement adéquat. Quand on choisit le terrain de bataille, c’est tout de suite plus simple. Certains réussissent très bien à se concentrer avec de la musique ou dans le bruit. Sachez que toutes les études sont parvenues à la conclusion qu’on ne peut rien conclure quant à l’efficacité de la musique sur la concentration. Ce qui signifie que ça dépend. Ne jugez donc pas trop sévèrement votre collègue qui ne peut travailler qu’avec Metallica dans les oreilles, sauf si ça vous empêche, à votre tour, d’être concentré…
Ensuite, quand on parle d’environnement adéquat, il convient de limiter la présence de notre cher outil numérique favori, le smartphone. Enlevez les notifications intempestives ou mettez-vous en mode « Ne pas déranger » pendant une heure. Plus important encore. Une étude canadienne de 2017 a démontré que nous serions 26% moins efficaces dès que notre téléphone, éteint et retourné, est sur la table ! Solution : il suffit de cacher votre fameux smartphone, sous une feuille, derrière votre ordinateur ou dans un tiroir. Mais pas dans la poche, non désolée, ça ne marche pas.
Enfin, dernière astuce : pour être sûr d’atteindre le nirvana de la concentration, n’oubliez pas de faire comme Navarro ! Rappelez-vous : Navarro avait à l’entrée de son bureau un feu tricolore. Vert = Disponible. Rouge = Ne pas m’embêter. Vous n’avez pas de prise à proximité ? Mettez un simple panneau, ça fait peut-être un peu ado survolté, mais je vous assure, ça marche.
Et si vous essayiez ne serait-ce qu’une semaine ?